Complications à long terme des brûlures de l’enfant

Vous avez un patient brûlé. Que lui dire de ce que va être son traitement et sa durée : cet article peut vous y aider.

Le suivi à long terme des brûlures de l’enfant vise à prévenir les complications, mais veut également éviter des consultations inutiles. Le but de cet article est de décrire les critères qui peuvent amener à devoir réintervenir sur des cicatrices de brûlures. Pour cela les auteurs ont revu à long terme les brulures survenues entre 1995 et 1998 avec un suivi moyen de 13.6 ans.

L’âge moyen était de 5 ans, les surfaces brulés allaient de 1 à 70%, 94% avaient été greffé. 18% ont développé des contractures et 33% des cicatrices hypertrophiques. Celles-ci apparaissent précocement : 1 à 13 mois pour les contractures et 1 à 17 mois pour les cicatrices hypertrophiques. Plus les enfants sont petits plus elles sont fréquentes. Toutes les brûlures axillaires ont développé des contractures et 75% des toutes les contractures concernent le membre supérieur.

La conclusion est que les petits enfants avec une grande surface brûlée sont les plus à risque de contractures et de cicatrices hypertrophiques, surtout si elles sont survenues au membre supérieur. Un suivi de 18 mois est nécessaire, après quoi si rien ne s’est passé dans ce délai, le risque de complication devient faible et le suivi n’est plus nécessaire.

REFERENCES COMPLETES
Following up the follow up-Long-term complications in paediatric burns
Kidd LR, Nguyen DQ, Lyons SC, Dickson WA.
Burns. 2013 Feb;39(1):55-60.
Affiliation : Welsh Centre for Burns and Plastic Surgery, Morriston Hospital, United Kingdom.

 

Les noyades estivales : Un fléau aux USA

Les noyades sont une cause fréquente de décès dans le monde entier et concernent particulièrement les petits enfants. Une première étude en 2001 constatait que les noyades représentaient 3300 décès et 5600 traitements en urgences, soit la première cause de décès aux USA entre 1 et 4 ans. C’est pourquoi une étude a été réalisée entre 2005 et 2009, utilisant la base de données NEISS (National Electronic Injury Surveillance System = système national de surveillance informatique des accidents).

Chaque année de l’étude, 3880 décès en moyenne ont résulté de noyades dans des structures aquatiques récréatives et ont motivé 5789 consultations d’urgences pour ceux qui ne sont pas décédés. La population très majoritairement concernée est celle des enfants de moins de 4 ans (53%), un peu moins entre 5 et 15 ans (17.5%). Le risque est 116 fois plus élevé que pour la population plus âgée. Les garçons sont nettement surreprésentés avec un risque 4 fois plus élevé que les filles. La majorité des noyades survient en piscine, mais la probabilité de décès est plus élevée lors de noyade en eau libre (51%). 22% des enfants noyés de plus de 15 ans sont sous l’emprise de l’alcool. Il existe une rythmicité des accidents avec des pics les week-ends et entre juin et août.

La prévention de ces accidents passe par l’information aux parents et par l’apprentissage systématique des mesures de réanimation. Les auteurs insistent sur les mesures additionnelles suivantes qui ont fait la preuve de leur efficacité :

  1. Clôturage des piscines par des barrières et couverture par des bâches.
  2. Pas de consommation d’alcool lors de baignades, de navigation, de ski nautique, y compris pour les personnes qui surveillent les enfants.
  3. Port obligatoire des gilets de sauvetage pour toutes les activités nautiques.
  4. Tous les surveillants d’enfants (parents, professionnels) devraient avoir suivi un cours de réanimation.

Note O. Reinberg :
Cet article vient des USA, où la prévention des accidents de la voie publique a été depuis longtemps prise en compte. C’est pourquoi les noyades sont la première cause de décès chez les petits enfants aux USA. Dans l’imposant rapport de l’OMS de 2009 sur la prévention des accidents d’enfants, elles figurent au deuxième rang mondial des causes d’accidents après les accidents de la voie publique. Les 4 mesures démontrées comme efficaces sont celles mentionnées dans le présent article.

A ceux qui veulent aller plus loin dans la connaissance des facteurs de risques et des stratégies de prévention, nous conseillons de visiter les sites (en anglais) :

http://www.cdc.gov/homeandrecreationalsafety/water-safety/index.html
http://www.cdc.gov/safechild.

REFERENCE COMPLETE:
Drowning – United States, 2005-2009
Centers for Disease Control and Prevention (CDC).
MMWR Morb. Mortal. Wkly. Rep. 2012; 61(19): 344-347.

Ingestions de gants en vinyle

Les gants en vinyle sont devenus d’usage familial courant et les enfants jouent avec. Ils ne sont pourtant pas sans danger. Une fois ingérés ils durcissent et présentent des arêtes aiguës. Dans l’estomac ils forment des bézoards, passé le pylore ils obstruent l’intestin et parfois le perforent.
Cet article rapporte 4 cas (!) de tels accidents: un enfant de 3 ans, une fillette de 13 ans avec un syndrome de Down qui a récidivé à 17 ans sous forme de bézoard, une jeune fille de 14 ans, et un adolescent de 15 ans. Trois d’entre eux avaient un retard mental (dont le Down) et dans un cas il s’agissait de maltraitance. Quoiqu’il en soit, tous ont eu un traitement chirurgical (laparoscopie ou laparotomie) pour occlusion dont 2 avec perforation. Les proches ignoraient l’ingestion de gant en vinyle.

On peut tirer de cette expérience plusieurs conclusions utiles:
Les ingestions de gants en vinyle sont dangereuses et ils ne doivent pas être laissés à portée des enfants.
Du fait de leur comportement physique, ces gants ingérés doivent être retirés tant qu’ils sont accessibles dans l’estomac, soit dès que l’on a connaissance de leur présence.
S’ils ont passé le pylore, les patients doivent être surveillés en raison du risque de perforation. Une question se pose: faut-il aller les enlever chirurgicalement à titre préventif dans de bonnes conditions avant qu’une perforation survienne ?

Référence:
Vinyl glove ingestion in children: a word of caution.
Stringel G, Parker M, McCoy E.
J Pediatr Surg 2012;47(5):996-998.

Affiliation: Divison of Pediatric Surgery, Department of Surgery, Maria Fareri Children’s Hospital, New York Medical College, Valhalla, NY

Toujours les piles-boutons: étude nationale US!

Ce travail utilise la banque de données NEISS (National Electronic Injury Surveillance System = système national de surveillance informatique des accidents) pour étudier les accidents d’enfants de moins de 18 ans survenus aux USA entre 1990 et 2009 en rapport avec des piles-boutons: ingestion, insertion nasale et conduit auditif externe.
Cela concerne 66’788 enfants, soit 3289 cas par an, nécessitant une prise en charge médicale. L’âge moyen est 3.9 ans et concerne 60.2 % de garçons. Les auteurs observent un accroissement du problème au cours des 20 années étudiées, particulièrement marqué durant les 8 dernières années.
Les ingestions sont de loin les plus fréquentes (76.6%), suivies par les insertions nasales (10.2%) ou auriculaires (5.7%). La grande majorité n’a pas eu de grave conséquence (91%).
Les auteurs insistent sur les mises en gardes et l’information aux parents.

Commentaire O. Reinberg:
Même si 90% des accidents liés aux piles sont mineurs, les 10% restant posent problème. Il est bon de rappeler le danger des piles ingérées dont les effets ne sont pas seulement dus aux lésions de décubitus liées à la présence d’un corps étranger, mais aussi à la nature des piles-boutons et des courants qu’elles génèrent. Les piles-boutons doivent être rapidement extraites, en particulier celles qui sont œsophagiennes. En complément, voici encore le cas d’un enfant de 3 ans, ayant présenté une perforation oesophagienne sévère rapidement après l’ingestion d’une pile-bouton. (A 20 mm lithium button battery causing an oesophageal perforation in a toddler: lessons in diagnosis and treatment. Soccorso G, Grossman O, Martinelli M, Marven SS, Patel K, Thomson M, Roberts JP. Arch Dis Child 2012 ; 97(8):746-7.

Référence:
Pediatric Battery-Related Emergency Department Visits in the United States, 1990-2009.
Sharpe SJ, Rochette LM, Smith GA.
Pediatrics 2012; 129(6):1111-7.
Affiliation: Center for Injury Research and Policy, The Research Institute at Nationwide Children’s Hospital, Columbus, Ohio.

Accidents résultant de biberons, sucettes (lolettes) et récipients à bec verseur pour enfants

Ce travail utilise la banque de données NEISS (National Electronic Injury Surveillance System = système national de surveillance informatique des accidents) pour étudier les accidents d’enfants de moins de 3 ans survenus aux USA entre 1991 et 2010 et résultant de l’usage de sucettes (lolettes = pacifiers), biberons et récipients à bec verseur pour enfants (sippy cups).
45’398 enfants ont été traités dans des centres d’urgences pour un tel problème, soit 2270 cas par an. Les accidents ont concerné par ordre décroissant des biberons (65,8%) des sucettes (20%) et des récipients à bec verseur pour enfants (14.3%). Le mécanisme le plus souvent en cause était une chute alors que l’enfant avait un de ces objets en bouche (86%). Il en est résulté des plaies de la bouche (70.4%). Les enfants d’environ 1 an sont les plus concernés. Un mauvais fonctionnement de ces objets est plutôt rare (4%), mais tout existe !
Les auteurs mettent en avant le risque élevé d’accidents liés à la conjonction d’usage de ces produits et de chutes. Ils y voient la possibilité d’une part d’améliorer l’information aux parents et d’autre part le design de ces objets. Ils s’associent à l’Académie Américaine de Pédiatrie (AAP), pour que les pédiatres recommandent de passer le plus rapidement possible à la tasse ou au verre et d’arrêter dès que possible l’usage des sucettes.

Commentaire O. Reinberg:
En 2008, j’avais renoncé à rapporter un article dans cette rubrique le jugeant à tort trop exceptionnel. Il trouve pourtant sa place dans le cadre du présent résumé. L’article rapportait le cas d’un enfant de 22 mois qui avait avalé la pièce buccale d’une lolette, sans que les parents ne réagissent. Celle-ci s’était enclavée dans l’intestin, provoquant une obstruction qu’il avait fallu lever chirurgicalement.
(Pacifier-induced bowel obstruction-not so soothing. Neville HL, Huaco J, Vigoda M, Sola JE. J Pediatr Surg 2008; 43(2): e13-5).

Référence :
Injuries Associated With Bottles, Pacifiers, and Sippy Cups in the United States, 1991-2010.
Keim SA, Fletcher EN, Tepoel MR, McKenzie LB.
Pediatrics 2012; 129(6):1104-10.
Affiliation: Center for Biobehavioral Health, The Research Institute at Nationwide Children’s Hospital, Columbus, Ohio.

Corps étrangers dans les voies respiratoires

Méta-analyse italienne dont le but est d’évaluer les risques d’asphyxie en rapport avec la forme, la taille et la consistance de corps étrangers inhalés chez les enfants. L’étude est intéressante par son importance, puisqu’elle fait une analyse exhaustive de la littérature sur 30 ans (1978-2008). Sur plus de 1600 articles revus, 1063 ont été jugés pertinents incluant un total de 30’477 enfants.
L’âge critique d’inhalation est compris entre 0 et 3 ans (67%). Les corps étrangers organiques les plus souvent impliqués sont les noix (noisettes, arachides) (39%), des graines (25%), tandis que parmi les inorganiques, les petits aimants sont les plus fréquents (deux fois plus que les petites éponges qui viennent ensuite). Beaucoup d’objets inhalés n’auraient jamais dû être accessibles à des petits enfants: punaises, clous, vis, épingles.
Les accidents surviennent sans surprise quand l’enfant mange ou joue.
La localisation trachéale, la plus dangereuse, représente 15% des cas. Il y a 62% d’inhalation à droite vs 38% à gauche lorsqu’elle est bronchique.
Les symptômes classiques sont ceux d’une obstruction sévère et aiguë des voies respiratoires avec toux, dyspnée, bruits respiratoires diminués ou absents et vont jusqu’à l’asphyxie complète.
Des symptômes non spécifiques, voire une absence totale de symptôme, sont des constatations fréquentes ce qui rend les inhalations très dangereuses et mène à de faux diagnostics ou à un retard de prise en charge adéquate. Sur l’ensemble de l’étude, les radiographies étaient normales dans 47% des cas et seules les endoscopies ont permis de faire le diagnostic et de traiter. Dans 40% des cas le diagnostic a été fait plus de 24 heures après l’inhalation. Ceci explique que 15 % (!!) des enfants présentent des complications aiguës ou chroniques. Parmi les plus graves, on mentionne 6% de décès, 2.4% d’arrêts respiratoires et 2% d’arrêts cardiaques.
Enfin sur ce grand nombre d’articles traitant du sujet, seuls 5 font référence à la présence ou non d’adultes au moment de l’accident, traduisant pour les auteurs le peu d’intérêt porté à la prévention dans ce domaine.
Bien que les études soient difficilement comparables entre elles et d’une grande hétérogénéité, les auteurs insistent sur l’importante morbidité liée aux inhalations de corps étrangers. Ils plaident pour une prise de conscience et pour l’introduction d’une meilleure prévention.

Commentaire O. Reinberg :
Cette étude est proche de celle rapportée dans qui venait de Hong-Kong en 2009. Pour mémoire les auteurs mentionnaient l’importante différence de complications qui résultait du délai de prise en charge selon qu’elle était précoce (moins de 7 jours) ou tardive, le fait que beaucoup de ces d’enfants peuvent être asymptomatiques et que le diagnostic radiologique est insuffisant. Il est une preuve positive, mais ne permet pas d’exclure une inhalation de corps étranger. Une seule attitude possible: en cas de doute une endoscopie en urgence s’impose, même si les radiographies sont normales.
Du point de vue prévention, l’information sur le risque lié aux graines et aux cacahuètes en particulier doit être rappelée sans relâche aux parents : les parents ne devraient pas en donner aux petits enfants. Participant depuis des années à des missions en Afrique, je suis toujours surpris de ce que toutes les mamans africaines savent que « l’arachide tue », tandis que dans le monde industrialisé on reçoit ses amis avec des pistaches et des cacahuètes à l’apéritif en présence de petits enfants. A ce sujet, relire dans Pipades  le niveau de connaissance des parents concernant les risques d’inhalation et le rôle essentiel que les pédiatres ont à jouer dans cette prévention.

Référence :
Foreign bodies in the airways: A meta-analysis of published papers.
Foltran F, Ballali S, Passali FM, Kern E, Morra B, Passali GC, Paola Berchialla P, Lauriello M, Gregori D.
Int J Pediatr Otorhinolaryngol 2012; 76-Suppl 1: S12–S19.
Affiliation : Italie, multicentrique