Accidents hypoxiques et hypercapniques chez les enfants qui dorment dans le lit des parents

Les auteurs ont comparé les désaturations enregistrées de 40 enfants de 0 à 6 mois qui dorment régulièrement dans le lit des parents (au moins 1 parent > 5h/nuit), avec celles de 40 enfants qui dorment dans leurs lits. Ont été pris en compte les désaturations qui se manifestaient par une Sao2 <90% et des épisodes de CO2 inspiré >3%. En outre les évènements nocturnes étaient enregistrés à l’aide d’une caméra infra-rouge.
Les enfants qui partagent le lit de leurs parents ont un risque 2.17 fois plus élevé de présenter des épisodes de désaturations. La plupart des épisodes de désaturations étaient précédés d’apnées de 5 à 10 secondes, sans bradycardie associée. Les apnées de plus de 15 secondes étaient rares dans les 2 groupes, de même que les désaturations < 80%.
L’hypothèse des auteurs est que la température plus élevée dans le lit lorsque l’enfant est avec un des parents pourrait être en cause.

Référence complète :
Hypoxic and hypercapnic events in young infants during bed-sharing.
Baddock SAGalland BCBolton DPWilliams SMTaylor BJ.
Pediatrics 2012 ; Aug;130(2):237-44
Affiliation : Department of Women’s and Children’s Health, University of Otago, Dunedin, New Zealand

Prévention des accidents de ski et de snowboard

La Société Canadienne de Pédiatrie (SCP) et celle de Chirurgie Pédiatrique (CAPS) ont créé un groupe de travail très actif (Comité de la prévention des blessures) qui édite des recommandations en français et en anglais que nous avons déjà rapportées ici (Le transport des nourrissons et des petits enfants dans les véhicules automobiles. Paediatrica 2010 21(1)). Cette fois ils éditent un document très complet sur la prévention des accidents de ski et de snowboard qui a également été approuvé par l’American Academy of Pediatrics (AAP).
Parmi les messages importants, retenons que de nouvelles données probantes attestent des bienfaits du port du casque en ski et en snowboard (planche à neige) et réfutent les hypothèses selon lesquelles le port du casque accroîtrait le risque de blessures au cou. Des données probantes appuient également le port de protège-poignets en snowboard et les gants ou moufles devraient en être équipés. Ces mesures de prévention efficaces sont peu mises en pratique.
La Société canadienne de pédiatrie recommande que les médecins s’impliquent pour faire mettre ces mesures en pratique par les familles. Il est également fait mention de la prévention du risque élevé de graves blessures liées à la consommation d’alcool ou de drogue sur les pentes.
Aux autorités politiques, ils recommandent de rendre le port du casque obligatoire à tout âge. Quand aux stations, elles devraient aider à faire appliquer le port du casque obligatoire et le rendre aisément accessible à ceux qui n’en auraient pas.

Le document peut être téléchargé sur www.cps.ca/fr/documents/position/ski-planche-a-neige-blessures (en français) ou www.cps.ca/documents/position/skiing-snowboarding-injury (en anglais

Référence complète :
Skiing and Snowboarding Injury Prevention
Warda LJ, Yanchar NL, Canadian Paediatric Society, Injury Preention Committee.
Paediatr Child Health. 2012 Jan;17(1):35-8.
Affiliation : Multicentrique Canada.

 

Barotraumatisme grave chez un enfant de 13 ans lors d’un baptême de plongée en eau peu profonde

La pratique de la plongée sous-marine est en plein essor chez les enfants. Cependant, cette activité peut être responsable d’accidents parfois graves même en eau peu profonde. Les auteurs rapportent le cas d’un adolescent de 13 ans sans antécédents médicaux, effectuant son baptême de plongée en Méditerranée avec encadrement. Il avait ressenti une gêne ventilatoire à une profondeur maximale de 5 m et avait fait une remontée rapide. Dès la sortie de l’eau, il avait présenté une douleur thoracique, un trismus, et une perte de connaissance brève sans convulsion.
Un retard diagnostique et une thérapeutique incomplète ont été constatés après transfert secondaire dans un centre spécialisé. Au 3e j, le contexte de l’accident et la présence d’un pneumomédiastin permettaient à l’équipe du centre hyperbare de porter le diagnostic de barotraumatisme thoracique compliqué d’embolie gazeuse coronarienne et cérébrale. Une recompression thérapeutique en caisson n’était pas indiquée étant donné le délai et la régression quasi complète de la symptomatologie.
Ce cas rappelle que toute symptomatologie survenant au cours d’une plongée, y compris à faible profondeur, doit être considérée comme un accident de plongée.

Référence complète :
Accident barotraumatique grave chez un enfant lors d’un baptême de plongée
Serious pulmonary barotrauma in a child after first-time scuba dive
Le Guen H, Halbert C, Gras Le Guen C, Coulange M.
Arch Pediatr 2012 ;19 (7) :733735
Multicentrique, Nantes, Marseille, France

Intoxication aigüe au cannabis chez un enfant de 10 mois

Article à propos d’un cas, intéressant à double titre : il décrit les effets d’une intoxication au cannabis chez un petit enfant et révèle une épidémiologie peu souvent rapportée.

La fillette présentait depuis quelques heures des troubles de la conscience associant en alternance somnolence et agitation, une hypotonie généralisée, une fixité du regard et des sourires inadaptés, mais pas de troubles cardiorespiratoires. Les investigations complémentaires initiales étaient normales (biologie sanguine, examen du liquide céphalo-rachidien et scanner cérébral), éliminant de premier abord les principales causes de coma (méningo-encéphalite, traumatisme crânien, désordres métaboliques). Le diagnostic a été fait par la mise en évidence de taux sanguin et urinaire élevés de dérivés cannabinoïdes. Il s’est avéré que l’enfant avait absorbé accidentellement un morceau de cannabis.
La symptomatologie a régressé spontanément au bout de 18 heures.
Selon les auteurs, du fait de l’importance de sa consommation en France, l’intoxication pédiatrique par le cannabis semble de plus en plus fréquente. Les seuils toxiques chez l’enfant ne sont pas connus. Y penser devant un tel tableau clinique.

Référence complète :
Acute cannabis poisoning in a 10-month-old infant.
Molly C, Mory O, Basset T, Patural H.
Arch Pediatr. 2012 Jul;19(7):729-32.
Affiliation : Urgences pédiatriques, pôle mère-enfants, CHU de Saint-Étienne, France.

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Explosion de feu d’artifice

Il s’agit d’un cas rapporté. Bien que rare,  il mérite d’être mentionné dans cette rubrique.
Une fillette de 10 ans a souffert d’un très grave traumatisme résultant de l’explosion de feux d’artifice à son domicile. Il vaut la peine d’aller voir les photos de la pièce dans l’article original. Il en est résulté des plaies multiples, des amputations de doigts aux deux mains, des brulures étendues, un TCC avec score de Glagow à 3 et un très sévère traumatisme thoracique par déflagration (blast injury). La patiente a survécu sans séquelle neurologique, mais avec de multiples cicatrices.
L’accident est survenu à domicile, lorsque l’enfant extrayait la poudre explosive de feu d’artifice dans un bol pour en confectionner de plus puissants.
Nous connaissons malheureusement trop bien ce type de graves traumatismes et y avons déjà été confrontés: les enfants achètent des feux d’artifice « inoffensifs » et tentent d’en confectionner eux même de plus puissants au su ou à l’insu de leurs parents. Une variante locale vaudoise consiste à « augmenter » la puissance des feux avec la poudre des fusées de vigne. Le résultat est terrible.
Les feux d’artifice sont des objets dangereux. Il est irresponsable de laisser les enfants ou les adolescents les manipuler de façon inappropriée ou les modifier.

REFERENCE COMPLETE:
Pediatric blast lung injury from a fireworks-related explosion.
Ratto JJohnson BKCondra CSKnapp JF.
Pediatr Emerg Care. 2012 Jun;28(6):573-6. doi: 10.1097/PEC.0b013e318258af60.
Affiliation  Department of Graduate Medical Education, Children’s Mercy Hospitals and Clinics, Kansas City, MO, USA.

Épidémiologie des accidents de danse

Cette étude recense les accidents survenus lors de la pratique de la danse aux USA tels qu’enregistrés dans la base la base de données NEISS (National Electronic Injury Surveillance System = système national de surveillance informatique des accidents) entre 1991 et 2007. Elle porte sur 113’084 enfants de 3 à 19 ans ayant consulté une structure médicale des suites d’un accident survenu lors d’exercices ou de spectacles de danse.
La danse classique (ballet, jazz, claquettes, hip-hop) représente la moitié des accidents (55%). La cohorte des 15-19 ans constitue à eux seuls 40% des accidents. La majorité des lésions concernent les membres inférieurs (58%) et sont constituées d’entorses (52%) ou de fractures (14%). Le mécanisme le plus souvent impliquée est une chute (45%).
Les auteurs concluent que la danse a une épidémiologie particulière, différente des autres activités sportives. Ils suggèrent de poursuivre de telles études en distinguant les différentes pratiques de danse et les classes d’âge, pour déterminer des stratégies de prévention spécifiques.

Note O. Reinberg :
Nous nous associons pleinement aux suggestions des auteurs. Nous avions montré dans une étude réalisée avec L. Vittoz pour l’ISSEP (Institut des Sciences du Sport et de l’Education Physique, Université de Lausanne) en 2001, sur des élèves de 9 à 14 ans dans des classes vaudoises, qu’il existe une grande variété de tailles et de stades pubertaires parmi les élèves d’une même classe [Vittoz, 2001]. Cette variabilité n’influence que peu les jeux d’adresse (lancer franc de ballon), par contre elle désavantage les filles pour les exercices nécessitant de la force musculaire, puisqu’en période pubertaire celles-ci augmentent plus rapidement leur masse graisseuse que les garçons qui augmentent principalement leur masse musculaire. Le problème est encore plus complexe pour les exercices nécessitant une bonne coordination (saut au mini-trampoline). Pour réaliser un tel exercice, il faut maîtriser son schéma corporel et connaître son centre de gravité. Ceci nécessite un apprentissage. Or l’enfant est en permanente transformation de son schéma corporel, en particulier en période de forte croissance. Il est très vraisemblable qu’il en soit de même pour la danse en particulier dans la période critique péripubertaire. Cela mériterait d’être étudié.

REFERENCE COMPLETE:
Dance-Related Injuries in Children and Adolescents Treated in US Emergency Departments in 1991-2007.
Roberts KJ, Nelson NG, McKenzie L.
J Phys Act Health. 2013 Feb;10(2):143-50.
Affiliation : Center for Injury Research and Policy, The Research Institute at Nationwide Children’s Hospital, Columbus, OH. USA.