Chutes des nourrissons : lâchés par un adulte ou tombés du lit, le plus souvent

Les chutes sont une cause majeure de blessures et la 4ème cause de décès des nourrissons avant un an. Chez les plus petits, ces chutes dépendent directement des personnes qui en ont la charge tandis que chez les plus grands, l’acquisition d’une autonomie motrice les rend aptes à rouler, ramper ou déambuler à quatre pattes. Les séries publiées incluent généralement l’ensemble des blessures par chute des enfants de tout âge, sans insister sur la spécificité des blessures des plus petits qui ne sont pas exceptionnelles.

Une étude du centre de traumatologie de l’hôpital pédiatrique de Sydney a recensé les consultations aux urgences des nourrissons de moins d’un an, survenues en 3 ans (2011-2013). Les cas ont été identifiés à partir du registre des urgences générales, du centre de traumatologie et du service de protection de l’enfance.

Sur la période, 916 patients (504 garçons, 412 filles) ont consulté pour une chute, les plus couramment d’un lit ou d’un canapé (27 %), d’un équipement pour nourrissons, siège, landau ou trotteur (21 %), des bras d’une personne qui tenait l’enfant (16 %), plus rarement d’un meuble, ou de la hauteur de l’enfant debout ou d’un escalier (n = 45).

Hospitalisation dans un peu plus de 10 % des cas

Parmi les 916 consultants, 110 (12 %) ont été hospitalisés, souvent les plus jeunes, dont 9 en unité de soins intensifs, 90 (85 %) ont été admis en neurochirurgie en raison d’un traumatisme crânien. La plupart des enfants avaient une fracture du crâne (n = 80, 75,5 %), isolée (n = 49, 46,2 %) ou associée à un saignement intracrânien (31, 29,2 %) ; 10 (9,4 %) avaient un saignement sans fracture. La plupart des fractures (66/80) était localisées à un os pariétal, 8/80 à l’occipital, 1/80 au frontal, 5 avaient des fractures multiples. Les hémorragies avaient une seule localisation (36/41) ou plusieurs : extradurale (19), sous-durale (11), sous arachnoïdienne (8), intracérébrale (4) ; 4 enfants avaient une contusion cérébrale. Les hémorragies extradurales étaient observées indépendamment du mécanisme de chute et les autres saignements étaient plus souvent le fait des nourrissons lâchés par un adulte.

Les autres blessures étaient des fractures des os longs, des contusions des parties molles. Sur les 90 patients admis, 85 ont été suivis seulement en observation, 5 ont subi une intervention pour évacuation d’un hématome (4) ou levée d’une embarrure (1). En moyenne, les enfants admis ont eu 1,3 examen d’imagerie, surtout des scanners. Les traumatismes crâniens cotés sévères représentaient 2 % des cas ; un enfant est décédé. Les autres interventions étaient l’appareillage d’une fracture (4), la réparation d’une plaie faciale (5) ; 20 enfants ont fait l’objet d’un signalement à l’aide sociale.

Selon cette série, les mécanismes des traumatismes les plus fréquents et les plus sévères impliquent les chutes des bras d’un adulte et à partir d’un lit ou d’un canapé.

Pr Jean-Jacques Baudon

 

Références:

Mulligan CS et coll. : Injury from falls in infants under one year. J Pediatr Child Health 2017; 53: 754-760.

Copyright © http://www.jim.fr

Source: Journal international de médecine www.jim.fr, article publié le 31 août 2017

Les tables à langer

Restez toujours à côté d’un enfant lorsqu’il est sur la table à langer.

 

C’est majoritairement durant la première année de vie que l’enfant est exposé au risque de chutes de la table à langer.

Dès les premières semaines de vie, un enfant est capable de se pousser sur ses pieds lorsqu’il est couché sur la table à langer. Dès 3-4 mois, certains enfants savent déjà se tourner. La moindre inattention lors du change peut alors être la cause d’une chute de l’enfant.

 

Pour en savoir plus:

  • Tables à langer. Fiche de prévention de la Commission de la Sécurité des Consommateurs, novembre 2014. Disponible sur www.securiteconso.org
  • Tables à langer. Guide de sécurité des produits pour enfants de l’Alliance européenne pour la sécurité de l’enfant, 2013

Coupure et éraflure

Mettez les objets coupants hors de portée des enfants

 

Dans de nombreuses circonstances de la vie quotidienne, il peut arriver qu’un enfant se coupe ou s’érafle.

Que faire en cas de coupure ou d’éraflure :
  • Lavez-vous les mains
  • Lavez ensuite délicatement la plaie sous le robinet d’eau froide
  • Si la plaie saigne, séchez-la et appuyez fermement dessus avec une compresse ou un linge propre jusqu’à ce que le saignement s’arrête (environ 10 minutes)
  • Si la coupure ou l’éraflure est superficielle, couvrez-la avec un pansement adhésif. Dès la formation d’une croûte, laissez-la finir de sécher à l’air libre
  • Consultez un médecin si :Le saignement de la plaie ne s’arrête pas
    La coupure est profonde
    Les bords de la plaie sont très écartés
    La plaie ne peut être bien nettoyée
    La plaie se situe dans des régions sensibles telles que le visage, les yeux ou la zone génitale
    La vaccination de l’enfant contre le tétanos n’est plus à jour
    La plaie devient rouge et douloureuse dans les jours suivant la blessure

 

Références:

  • HUG – Hôpitaux Universitaires de Genève. Mon enfant est malade. www.monenfantestmalade.ch
  • AboutKidsHealth. Les réponses dignes de confiance de l’hôpital pour enfants de Toronto.  www.aboutkidshealth.ca
  • Ogier R, Lador F. Premiers secours enfants. Médecine et hygiène. 2010. (Collection SansBlabla)

Épidémiologie des accidents de danse

Cette étude recense les accidents survenus lors de la pratique de la danse aux USA tels qu’enregistrés dans la base la base de données NEISS (National Electronic Injury Surveillance System = système national de surveillance informatique des accidents) entre 1991 et 2007. Elle porte sur 113’084 enfants de 3 à 19 ans ayant consulté une structure médicale des suites d’un accident survenu lors d’exercices ou de spectacles de danse.
La danse classique (ballet, jazz, claquettes, hip-hop) représente la moitié des accidents (55%). La cohorte des 15-19 ans constitue à eux seuls 40% des accidents. La majorité des lésions concernent les membres inférieurs (58%) et sont constituées d’entorses (52%) ou de fractures (14%). Le mécanisme le plus souvent impliquée est une chute (45%).
Les auteurs concluent que la danse a une épidémiologie particulière, différente des autres activités sportives. Ils suggèrent de poursuivre de telles études en distinguant les différentes pratiques de danse et les classes d’âge, pour déterminer des stratégies de prévention spécifiques.

Note O. Reinberg :
Nous nous associons pleinement aux suggestions des auteurs. Nous avions montré dans une étude réalisée avec L. Vittoz pour l’ISSEP (Institut des Sciences du Sport et de l’Education Physique, Université de Lausanne) en 2001, sur des élèves de 9 à 14 ans dans des classes vaudoises, qu’il existe une grande variété de tailles et de stades pubertaires parmi les élèves d’une même classe [Vittoz, 2001]. Cette variabilité n’influence que peu les jeux d’adresse (lancer franc de ballon), par contre elle désavantage les filles pour les exercices nécessitant de la force musculaire, puisqu’en période pubertaire celles-ci augmentent plus rapidement leur masse graisseuse que les garçons qui augmentent principalement leur masse musculaire. Le problème est encore plus complexe pour les exercices nécessitant une bonne coordination (saut au mini-trampoline). Pour réaliser un tel exercice, il faut maîtriser son schéma corporel et connaître son centre de gravité. Ceci nécessite un apprentissage. Or l’enfant est en permanente transformation de son schéma corporel, en particulier en période de forte croissance. Il est très vraisemblable qu’il en soit de même pour la danse en particulier dans la période critique péripubertaire. Cela mériterait d’être étudié.

REFERENCE COMPLETE:
Dance-Related Injuries in Children and Adolescents Treated in US Emergency Departments in 1991-2007.
Roberts KJ, Nelson NG, McKenzie L.
J Phys Act Health. 2013 Feb;10(2):143-50.
Affiliation : Center for Injury Research and Policy, The Research Institute at Nationwide Children’s Hospital, Columbus, OH. USA.

Accidents résultant de biberons, sucettes (lolettes) et récipients à bec verseur pour enfants

Ce travail utilise la banque de données NEISS (National Electronic Injury Surveillance System = système national de surveillance informatique des accidents) pour étudier les accidents d’enfants de moins de 3 ans survenus aux USA entre 1991 et 2010 et résultant de l’usage de sucettes (lolettes = pacifiers), biberons et récipients à bec verseur pour enfants (sippy cups).
45’398 enfants ont été traités dans des centres d’urgences pour un tel problème, soit 2270 cas par an. Les accidents ont concerné par ordre décroissant des biberons (65,8%) des sucettes (20%) et des récipients à bec verseur pour enfants (14.3%). Le mécanisme le plus souvent en cause était une chute alors que l’enfant avait un de ces objets en bouche (86%). Il en est résulté des plaies de la bouche (70.4%). Les enfants d’environ 1 an sont les plus concernés. Un mauvais fonctionnement de ces objets est plutôt rare (4%), mais tout existe !
Les auteurs mettent en avant le risque élevé d’accidents liés à la conjonction d’usage de ces produits et de chutes. Ils y voient la possibilité d’une part d’améliorer l’information aux parents et d’autre part le design de ces objets. Ils s’associent à l’Académie Américaine de Pédiatrie (AAP), pour que les pédiatres recommandent de passer le plus rapidement possible à la tasse ou au verre et d’arrêter dès que possible l’usage des sucettes.

Commentaire O. Reinberg:
En 2008, j’avais renoncé à rapporter un article dans cette rubrique le jugeant à tort trop exceptionnel. Il trouve pourtant sa place dans le cadre du présent résumé. L’article rapportait le cas d’un enfant de 22 mois qui avait avalé la pièce buccale d’une lolette, sans que les parents ne réagissent. Celle-ci s’était enclavée dans l’intestin, provoquant une obstruction qu’il avait fallu lever chirurgicalement.
(Pacifier-induced bowel obstruction-not so soothing. Neville HL, Huaco J, Vigoda M, Sola JE. J Pediatr Surg 2008; 43(2): e13-5).

Référence :
Injuries Associated With Bottles, Pacifiers, and Sippy Cups in the United States, 1991-2010.
Keim SA, Fletcher EN, Tepoel MR, McKenzie LB.
Pediatrics 2012; 129(6):1104-10.
Affiliation: Center for Biobehavioral Health, The Research Institute at Nationwide Children’s Hospital, Columbus, Ohio.

Les dangers du snowboard

Cette étude US porte sur 7 ans (2000-2007) et recense 213 cas de traumatismes résultant de la pratique du snowboard chez des enfants de 6 à 21 ans dans un centre de référence de traumatologie pédiatrique (« level 1″), ce qui crée un biais que les auteurs mentionnent, en ce que les traumatismes graves sont surreprésentés (7% de traumatismes abdominaux graves). Le titre en anglais ne reflète pas le contenu de l’article qui étudie tous les traumatismes résultant du snowboard et pas seulement les traumatismes abdominaux, d’où son intérêt.
Sans surprise il y a 79% de garçons. Le groupe le plus représenté (79%) est celui entre 12 et 14 ans. Par fréquence décroissante, les lésions concernaient le membre supérieur (58%), la tête (27%), le tronc (19%), le membre inférieur (10%). 74% des lésions abdominales avaient lésé un organe plein, en particulier la rate. La hauteur de chute (plus de 1 mètre) n’est pas corrélée avec un type particulier de lésion. Par contre il apparaît que les garçons se font des traumatismes abdominaux (p < 0.001), et les filles des traumatismes pelviens (p < 0.001). Les garçons ont plus de fractures (p < 0.01). Les petits enfants (moins de 14 ans) ont plus de lésions abdominales (p < 0.05), tandis que les plus âgés ont plus de lésions pelviennes. Il existe une corrélation associative nette entre les fractures du membre supérieur et les trauma abdominaux (p = 0.003).

Dans la discussion, les auteurs parlent de « dramatique » croissance de ce type de traumatismes, avec 6 cas en 2000 et 56 cas en 2005. Ils constatent que les lésions à snowboard diffèrent de celles du ski et les lésions pédiatriques de celles des adultes. Par exemple ils n’ont jamais retrouvé dans cette série pédiatrique la fracture de la cheville décrite chez les snowboarders adultes comme typique de ce sport (« snowboarder’s ankle »). Ils regrettent que le port du casque soit rarement mentionné alors que les traumas affectant la tête sont fréquents.
Ce travail est essentiellement descriptif. Cependant les auteurs développent  des hypothèses intéressantes sur les causes possibles des lésions constatées. Ainsi, ils mentionnent que la majorité des snowboarders ont le pied droit en arrière (regular), donc le flanc gauche tourné vers l’avant ce qui pourrait expliquer le nombre important de lésions spléniques. Certaines seraient dues au coude gauche de l’enfant lui-même, qui provoquerait une contusion du flanc gauche. Ils proposent la même explication à la surreprésentation de lésions du membre supérieur gauche par rapport au droit, d’où la corrélation associative mentionnée dans l’article. Il serait intéressant de voir si la proportion s’inverse chez ceux qui ont le pied gauche en arrière (« goofy »), mais le collectif ne permet pas cette analyse.

Référence:
Snowboarding-Related Abdominal Trauma in Children.
McCrone AB, Lillis K, Shaha SH
Pediatr Emerg Care 2012; 28(3) :251-253.
Affiliation: Department of Emergency Medicine, SUNY Upstate Medical University, Syracuse; State University of New York at Buffalo, School of Medicine, Williamsville, NY.