Avec la commercialisation des cigarettes électroniques, ou e-cigarettes, les expositions accidentelles à la nicotine liquide se sont multipliées chez les jeunes enfants. La solution des flacons de recharge de ces dispositifs (e-liquide) contient en général de la nicotine, des arômes et des solvants. Aux USA une loi fédérale a généralisé à partir de juillet 2016 une mesure déjà prise par 18 États, l’obligation d’une fermeture de sécurité, résistant aux enfants, sur les flacons de recharge dont l’e-liquide contient de la nicotine.
Une étude décrit rétrospectivement l’évolution du nombre des expositions accidentelles des jeunes enfants à la nicotine liquide sur une période de 5 ans marquée par la progression rapide de l’usage de l’e-cigarette et la mise en place de fermetures de sécurité sur les flacons de recharge. Ses données sont tirées d’une base alimentée en temps réel par les Centres Anti Poisons [CAP] des USA.
De janvier 2012 à juillet 2016 les CAP des USA ont rapporté 8 269 expositions chez des enfants de moins de 6 ans.
Des conséquences dans un tiers des cas
Environ 84 % des enfants exposés étaient âgés de moins de 3 ans (médiane : 2 ans ; pic : à 1 an).
Les expositions se faisaient par ingestion dans 92,5 % des cas, les autres voies étant le contact cutané et le contact oculaire. Leurs conséquences étaient « mineures » une fois sur 5 (lésions cutanées ou muqueuses rapidement résolutives ; n = 1 677), rarement « modérées » (sans risque vital ; n = 132) ou « majeures » (risque vital /séquelles ; n =8), ce qui veut dire que plus de 75 % d’entre elles n’ont pas eu de conséquences notables. Cependant, 35 % des expositions (n = 2 902) ont nécessité un bilan et/ou un traitement ambulatoires et 1,4 % (n = 115) une hospitalisation. Un enfant de 1 an est décédé.
Le taux d’exposition des jeunes enfants à la nicotine liquide a crû de 0,7 pour 100 000 enfants en 2012 à 10,4 p. 100 000 en 2015 (x 15) parallèlement à la progression de l’usage de l’e-cigarette, puis il est redescendu à 8,3 p. 100 000 en 2015 (- 20 %).
Dans les 40 États et le District de Columbia qui n’avaient pas de réglementation avant juillet 2016, le nombre d’expositions a diminué en moyenne de 4,4 (Intervalle de Confiance de 95 % : – 7,1 ; – 1,7) au cours des 9 mois suivant l’entrée en vigueur de la loi fédérale par comparaison avec les 9 mois ayant précédé cette date. Ce peut être un effet des fermetures de sécurité, mais d’autres facteurs, tels que la sensibilisation des parents, peuvent avoir contribué à la baisse.
Au total, l’ingestion de la nicotine contenue dans la plupart des e-liquides est une cause d’accidents domestiques possiblement létaux quand la dose atteint 6,5 à 13 mg/kg. Aux USA, la mise en place de fermetures de sécurité sur les flacons de recharge en e-liquide a été suivie d’une réduction du risque d’exposition des jeunes enfants à la nicotine liquide. Les auteurs de l’étude suggèrent comme autres mesures de sécurité, des restricteurs de débit, comme pour les médicaments liquides, la diminution de la concentration en nicotine et un contrôle des saveurs des e-liquides… Dans l’Union Européenne, une circulaire de 2014 sur les produits du tabac, entrée en vigueur depuis 2017, prescrit les bouchons inviolables et limite la concentration de nicotine liquide à 20 mg/ml max. et le volume des flacons de recharge à 10 ml max. Ces mesures ne dispensent pas de rappeler aux usagers de l’e-cigarette qu’il ne faut pas laisser des produits potentiellement toxiques à portée de main des enfants.
Mettez des cache-prises sur vos prises électriques pour protéger les enfants
Dès que l’enfant commence à explorer son environnement à 4 pattes, sa curiosité et son absence de conscience des dangers l’expose à des risques d’électrisation à la maison. L’électrisation est l’accident provoqué par une décharge électrique, l’électrocution correspond au même accident suivi de mort.
Les pièces qui présentent le plus de dangers sont:
la cuisine de par les différents appareils électriques qui s’y trouvent, souvent branchés même hors utilisation
la salle de bains où les appareils tels que sèche-cheveux, rasoirs électriques …. peuvent se trouver branchés à proximité d’une source d’eau (baignoire, lavabo…)
la chambre de l’enfant qui peut avoir des prises de courant près du sol ainsi que des appareils branchés dessus tels que lampe de chevet, humidificateur, radiateur d’appoint…..
Voici quelques gestes simples pour éviter les accidents avec l’électricité:
Mettez des cache-prises sur les prises de courant non utilisées
Évitez de laisser des rallonges électriques ou des multiprises branchées (ou non) à portée de main des enfants
Vérifiez que les cordons de vos appareils électriques ne soient pas endommagés (fils dénudés)
Débranchez et rangez les appareils électriques après utilisation
Les noyades en eau libre sont celles qui se produisent dans les lacs, océans, rivières, réservoirs et autres sources d’eau libre .L’organisation Safe Kids Worldwide et le programme Make Safe Happen ont unis leurs forces en réalisant une étude aux Etats-Unis pour mieux comprendre ce problème spécifique.
22% des décès suite à des noyades en eau libre touchent les enfants 1- 4 ans, contre 57% en piscine dans cette même tranche d’âge
70% des décès par noyade en eau libre ont lieu entre mai et août
Pour un décès d’enfant par noyade, environ 7 enfants sont vus dans les services d’urgence pour des accidents de noyade non mortels
En 2016 43% des décès par noyade se sont produits en eau libre, contre 38% en piscine, 9% dans le bain et 10% d’origine non connue.
Environ 38% des décès par noyade en eau libre ont lieu dans des lacs, 24% en rivières et 20% dans des étangs. Seulement 3,8% se produisent en mer.
Ce n’est pas parce qu’un enfant sait nager en piscine qu’il est pour autant capable de nager en eau vive en raison de dangers tels que le courant, la végétation, les rochers, la température de l’eau souvent plus froide, les variations brutales de profondeur, la difficulté d’estimer les distances. la visibilité limitée etc…
Il est donc important d’encourager les parents à délimiter les zones de baignades et à tenir compte des conseils suivants:
Surveillez les enfants quand ils sont dans ou autour de l’eau sans se laisser distraire et en restant à proximité
Si plusieurs adultes sont présents, désignez une personne pour surveiller les enfants et faites régulièrement un tournus
Apprenez à nager aux enfants dès que possible
Assurez-vous que les enfants acquièrent les compétences suivantes: aller (ou sauter) en eau profonde et savoir revenir à la surface, se retourner et s’orienter vers une zone de sécurité, flotter ou faire la planche dans l’eau, coordonner la respiration et les mouvements de natation et enfin, sortir de l’eau
Expliquez aux enfants pourquoi nager en eau libre est différent de nager en piscine
Portez un gilet de sauvetage pour faire du bateau ou d’autres activités sur l’eau
Faites porter un gilet de sauvetage aux petits enfants et à ceux qui ne savent pas nager lorsqu’ils se trouvent à proximité de l’eau
Restez toujours à côté d’un enfant lorsqu’il est exposé à un risque de chute depuis un endroit en hauteur (table à langer, canapé, lit, chaise haute…)
Installez des barrières de sécurité dans les escaliers
Gardez toujours sous surveillance un enfant lorsqu’il se trouve dans une pièce avec la fenêtre ouverte ou sur un balcon
Les chutes sont l’accident le plus fréquent chez les enfants entre 0 et 4 ans. Leurs conséquences peuvent parfois être graves.
Les circonstances des chutes sont liées à l’âge et au développement de l’enfant:
Chez les tout-petits, les chutes peuvent se produire de la table à langer, du lit, du canapé, de la poussette, du transat ou encore de la chaise haute
Dès que l’enfant commence à se déplacer à 4 pattes, le premier danger de chute provient des escaliers
Dès que la marche est acquise, l’enfant peut chuter depuis tout endroit où il arrive à grimper, sur un sol mouillé, dans la baignoire, depuis une fenêtre ou un balcon
Voici quelques précautions importantes pour prévenir les risques de chute:
Gardez toujours sous surveillance un enfant sur la table à langer ou dans la chaise haute
Attachez les sangles de sécurité quand l’enfant est installé dans le transat ou dans la poussette, même pour un court instant. Posez le transat au sol
Pensez à régler le fond du lit en position basse dès que l’enfant arrive à se relever seul dans son lit
Installez des barrières de sécurité en haut et en bas des escaliers pour que l’enfant ne puisse pas accéder seul aux escaliers. Apprenez-lui dès que possible à descendre et monter les escaliers à 4 pattes, sur les fesses puis debout.
Sécurisez les fenêtres et les balcons: enlevez les objets que l’enfant pourrait escalader sur un balcon ou devant une fenêtre, posez des systèmes de sécurité aux fenêtres
Surveillez un enfant lorsqu’il se trouve dans une pièce avec une fenêtre ouverte
Protégez les coins de table pour éviter que l’enfant se blesse dessus en cas de chute
Évitez de laisser votre sol mouillé ou encombré
Installez un tapis antidérapant dans la baignoire
Références:
Ogier R, Lador F. Pemiers secours enfants. Médecine et hygiène. 2010. (Collection SansBlabla)
Prévention des chutes , fiche extraite du livre « Un accident est si vite…évité », actes des journées de prévention des accidents de la petite enfance 2009
Une étude est parue dans la revue Pediatrics en septembre 2017. Elle a été réalisée entre 2004 et 2014 dans 24 services hospitaliers d’urgences pédiatriques répartis sur tout le territoire français. Elle concernait les enfants de moins de 6 ans.
Le nombre d’enfants admis dans un service d’urgence pour une intoxication par ingestion de cannabis a augmenté de 133% en 11 ans, passant de 46 cas sur la période 2004-2009 à 183 cas sur la période 2010-2014.
71% des enfants victimes d’intoxication avaient 18 mois ou moins.
72% des intoxications ont eu lieu au domicile des parents.
Au cours des 11 années de l’étude, il apparaît que les conséquences des intoxications par cannabis sont plus sévères (telles que des comas) en raison de l’augmentation du taux de THC dans le cannabis
Aucun décès d’enfant suite à une intoxication par cannabis n’a été relaté
Les chutes sont une cause majeure de blessures et la 4ème cause de décès des nourrissons avant un an. Chez les plus petits, ces chutes dépendent directement des personnes qui en ont la charge tandis que chez les plus grands, l’acquisition d’une autonomie motrice les rend aptes à rouler, ramper ou déambuler à quatre pattes. Les séries publiées incluent généralement l’ensemble des blessures par chute des enfants de tout âge, sans insister sur la spécificité des blessures des plus petits qui ne sont pas exceptionnelles.
Une étude du centre de traumatologie de l’hôpital pédiatrique de Sydney a recensé les consultations aux urgences des nourrissons de moins d’un an, survenues en 3 ans (2011-2013). Les cas ont été identifiés à partir du registre des urgences générales, du centre de traumatologie et du service de protection de l’enfance.
Sur la période, 916 patients (504 garçons, 412 filles) ont consulté pour une chute, les plus couramment d’un lit ou d’un canapé (27 %), d’un équipement pour nourrissons, siège, landau ou trotteur (21 %), des bras d’une personne qui tenait l’enfant (16 %), plus rarement d’un meuble, ou de la hauteur de l’enfant debout ou d’un escalier (n = 45).
Hospitalisation dans un peu plus de 10 % des cas
Parmi les 916 consultants, 110 (12 %) ont été hospitalisés, souvent les plus jeunes, dont 9 en unité de soins intensifs, 90 (85 %) ont été admis en neurochirurgie en raison d’un traumatisme crânien. La plupart des enfants avaient une fracture du crâne (n = 80, 75,5 %), isolée (n = 49, 46,2 %) ou associée à un saignement intracrânien (31, 29,2 %) ; 10 (9,4 %) avaient un saignement sans fracture. La plupart des fractures (66/80) était localisées à un os pariétal, 8/80 à l’occipital, 1/80 au frontal, 5 avaient des fractures multiples. Les hémorragies avaient une seule localisation (36/41) ou plusieurs : extradurale (19), sous-durale (11), sous arachnoïdienne (8), intracérébrale (4) ; 4 enfants avaient une contusion cérébrale. Les hémorragies extradurales étaient observées indépendamment du mécanisme de chute et les autres saignements étaient plus souvent le fait des nourrissons lâchés par un adulte.
Les autres blessures étaient des fractures des os longs, des contusions des parties molles. Sur les 90 patients admis, 85 ont été suivis seulement en observation, 5 ont subi une intervention pour évacuation d’un hématome (4) ou levée d’une embarrure (1). En moyenne, les enfants admis ont eu 1,3 examen d’imagerie, surtout des scanners. Les traumatismes crâniens cotés sévères représentaient 2 % des cas ; un enfant est décédé. Les autres interventions étaient l’appareillage d’une fracture (4), la réparation d’une plaie faciale (5) ; 20 enfants ont fait l’objet d’un signalement à l’aide sociale.
Selon cette série, les mécanismes des traumatismes les plus fréquents et les plus sévères impliquent les chutes des bras d’un adulte et à partir d’un lit ou d’un canapé.