Les tours de berceau sont-ils dangereux?

La publicité assure que les tours de berceau « transforment le couchage de bébé en un cocon confortable et rassurant ». Cependant, de nombreux pédiatres et un organisme comme l’Agence de santé publique du Canada déconseillent vivement leur utilisation pour des raisons de sécurité du nourrisson.
C’est pourquoi BT Thach et coll. ont fait une recherche sur les accidents et incidents possiblement dus à ces accessoires de berceau, dans des bases de données de la Commission de sécurité des produits de consommation des USA.
De 1985 à 2005, sur 21 ans, ont été signalés 27 décès de nourrissons âgés de 1 mois à 2 ans, attribuables à des tours de berceau. La reconstitution de la scène du drame a révélé que la face de l’enfant était appliquée sur la garniture (11 cas), sa tête coincée entre la garniture et un autre objet (13 cas), ou son cou enserré dans la garniture (3 cas). Le décès était donc plus souvent dû à une asphyxie, par respiration dans un espace confiné ou obstruction du nez et de la bouche, qu’à une strangulation.
De 2000 à 2004, sur 5 ans, 22 accidents non mortels ont aussi été rapportés chez des nourrissons de moins 6 mois. Il s’agissait de traumatismes crâniens, de fractures des membres, de contusions … Cependant, la plupart du temps, il n’était pas spécifié si les garnitures étaient bien en place au moment de l’accident.
Les décès et les traumatismes imputables aux tours de berceau sont sûrement sous-estimés par cette recherche, parce que leur déclaration n’est pas obligatoire aux USA.
Pourrait-on les éviter en prenant quelques précautions ? Dans une mise au point sur le couchage et la mort subite du nourrisson, la Task Force de l’American Academy of Pediatrics recommande que les garnitures soient « peu épaisses, fermes, bien attachées, et ne ressemblent pas à des oreillers » (1). Ayant comparé les caractéristiques de 22 tours de berceau vendus au détail, les auteurs estiment que même ceux qui ont une consistance ferme peuvent provoquer l’asphyxie d’un nourrisson. Ils déconseillent donc formellement l’usage de ces accessoires.
Les pédiatres doivent informer les parents des dangers potentiels des tours de berceau. (Traduit par Jean-Marc Retbi)

Référence complète
Deaths and injuries attributed to infant crib bumper pads. Thach BT, Rutherford GW Jr, Harris K. J Pediatr 2007 ; 151 : 271-274. Origine
Washington University Department of Pediatrics, St. Louis, Missouri, USA.

Risques de strangulation liés au nursing traditionnel dans les berceaux

L’accident par strangulation est un risque majeur pour le nourrisson et le jeune enfant. Certains mécanismes comme la strangulation par collier (« colliers d’ambre ») ou par chute à travers les barreaux d’un lit ont fait ces dernières années l’objet de mises en garde à l’intention des professionnels et du public. Les conséquences pour l’enfant peuvent être très sévères, puisque s’il n’est pas trouvé mort, le pronostic des réanimations cardio-respiratoires après ce genre d’accident est mauvais, avec un taux important de séquelles neurologiques liées à l’ischémie cérébrale.

Nous rapportons le cas d’un nourrisson après un épisode potentiellement fatal de strangulation, en lien avec une manière de contention traditionnelle dans la communauté albanophone, probablement répandue également dans d’autres cultures.

A la naissance du premier enfant, la grand-mère paternelle offre à sa belle-fille un berceau. Le nouveau-né y est couché et emmailloté. Lorsque l’enfant dort, le berceau est entièrement recouvert d’un drap qui le dissimule à la vue. Des photos illustrent l’article et le mode d’installation potentiellement dangereux. Dans le cas particulier de cette installation, deux éléments sont en cause: l’immobilisation de l’enfant dans le berceau par un linge qui peut devenir strangulant, et le fait que l’enfant soit recouvert d’un linge empêchant sa supervision.

Référence complète
Mise en garde : Risques de strangulation liés au nursing traditionnel dans les berceaux. S. Tracchia, C. Gehring Antille , P. Diebold, O. Reinberg. Paediatrica, 2007, 2007 ; 18(4) :21-23 Origine : Service de pédiatrie, Hôpital du Chablais, et CHUV Lausanne