Risques liés aux ingestions de piles-boutons

Les auteurs du premier article rapportent le cas d’un enfant de 3 mois qui avait avalé une pile-bouton que sa sœur lui avait mise dans la bouche et forcé à avaler 2 jours auparavant, à l’insu de leurs parents. La pile a été découverte sur une radiographie de l’abdomen. Il a été tenté de récupérer la pile par endoscopie ce qui s’avéra impossible, la pile étant déjà incrustée dans la paroi gastrique. Elle fut retirée par laparotomie. Lors de l’ouverture de l’estomac, la pile de 10 mm de diamètre avait déjà traversé la paroi gastrique et était au contact de la séreuse, entourée de tissus nécrotiques. La pile d’un diamètre de 10 mm était intacte et le joint entre l’anode et la cathode ne s’était pas ouvert. L’hospitalisation a duré 23 jours, jusqu’à ce qu’une alimentation entérale complète ait pu être reprise.

Les auteurs insistent sur le fait que le courant électrique généré par la pile et/ou la brûlure chimique peuvent ulcérer la paroi gastrique en particulier chez un petit enfant. Tous s’accordent sur le fait qu’un corps étranger œsophagien doit être retiré en urgence, mais les avis divergent sur les corps étrangers gastriques, en particulier les piles-boutons. Les auteurs sont d’avis que celles-ci doivent également être retirées rapidement, (avis que nous partageons).
Le second article sur ce sujet rapporte une expérience similaire: sur 10 enfants ayant ingéré des piles-boutons, 5 ont eu une atteinte sévère des couches musculaires de l’œsophage ou de l’estomac et 2 avaient perforé, l’un d’entre eux jusque dans la trachée entraînant une fistule trachéo-oesophagienne.

Les auteurs insistent sur le fait que les lésions ne sont pas seulement dues aux lésions de décubitus liées à la présence d’un corps étranger, mais bien à la nature des piles-boutons qui doivent être retirées en urgence.

Références complètes:
Severe gastric damage caused by button battery ingestion in a 3-month-old infant.
S Honda , M Shinkai, Y Usui, et al.
J Pediatr Surg 2010; 45(9): e23-e26
Affiliation:  Department of Surgery, Kanagawa Children’s Medical Center, Yokohama, Japon.

Kimball SJ, Park AH, Rollins MD, Grimmer JF, Muntz H
A review of esophageal disc battery ingestions and a protocol for management.
Arch Otolaryngol Head Neck Surg.
 2010; 136(9): 866-871.
Affiliation: University of Utah School of Medicine, Division of Otolaryngology-Head and Neck Surgery, Salt Lake, USA.

Toujours les feux de plein air et les barbecues !

Le premier article (A) compare des accidents survenus en rapport avec des feux lors d’activités de loisirs, comparant adultes et enfants. Les enfants représentent 40% du collectif de 329 patients en 8 ans.

La première cause d’accidents, aussi bien chez les adultes que les enfants est une chute dans un feu de plein air. La seconde est liée aux barbecues, lors de l’usage d’un produit pour réactiver le feu. Les mains puis le reste du membre supérieur sont les parties du corps le plus souvent atteintes.

Les auteurs concluent qu’une meilleure information devrait être faite sur les dangers potentiels des feux de plein air et du mode d’allumage des barbecues (hors de la présence des enfants !).

Dans le second article (B), il est question des feux de camps sur la plage. Les auteurs analysent un collectif local de 241 patients entre 1999 et 2007. Ils observent deux populations très distinctes, l’une d’enfants de 2 à 9 ans et l’autre d’adultes au-dessus de 19 ans. Si la cause de la majorité (60%) des brûlures adultes est liée à la conjonction feux de camp + consommation d’alcool, beaucoup d’enfants ont marché dans le feu sur la plage.

Les auteurs recommandent que les feux sur la plage ne soient pas libres mais que des emplacements spéciaux leur soient attribués avec une protection matérialisée autour du feu pour éviter que les enfants marchent dedans ainsi qu’un endroit pour entreposer les braises de charbon de bois.

Référence complète A:
Outdoor recreational fires: a review of 329 adult and pediatric patients.

Neaman KC, Do VH, Olenzek EK, Baca M, Ford RD, Wilcox RM.
J Burn Care Res. 2010;31(6):926-30.
Origine : Grand Rapids Medical Education and Research Center, Michigan State University General Surgery Residency, Grand Rapids, Michigan, USA.

Sur les barbecues on peut lire aussi:
Banger, burgers, and burns: a 10-year review of barbecue burns in South Wales.
Pellard S, Camp D, Potokar TS.
Burns 2006;32:913–5.
Adult burns injuries due to domestic barbecues in New South Wales.
Khalessi A, Maitz P, Haertsch P, Kennedy P.
Burns 2008;34:1002–5

Risque de brûlures chez des enfants qui ne savent pas encore marcher

Constatant un accroissement du nombre d’enfants brûlés à un âge où ils ne marchent pas encore, une enquête a été faite sur ces enfants victimes de brûlures sévères et admis au Princess Margaret Hospital (PMH) à Perth, Australie. Elle n’inclut que des enfants de moins de 6 mois.

Les enfants sont brûlés à la maison par échaudements (43%), par contact (39%), par coups de soleil (11%). Il faut encore ajouter à ce collectif 7% d’enfants brûlés dans les unités de néonatologie ou de soins intensifs pédiatriques.
Les auteurs insistent sur le fait que des petits enfants qui ne marchent pas encore sont victimes de brûlures, le plus souvent du fait des adultes et qu’une meilleure éducation est souhaitable

Référence complète:
Patterns of burn injury in the preambulatory infant.
Burlinson CE, Wood FM, Rea SM. Burns 2008; 09 Feb;35(1):118-22.
Origine: Royal Perth Hospital (RPH), Burns Unit, WA 6000, Australia.

Brûlures infligées aux enfants par d’autres enfants

Il existe une petite proportion d’enfants brûlés dont la brûlure a été provoquée par un autre enfant. C’est le sujet de cet article.

L’étude reprend les circonstances des brûlures des enfants admis entre janvier 1998 et décembre 2003. 47 enfants étaient concernés par une brûlure infligée par un autre enfant. La majorité était des échaudements (53%), survenus à la maison. La majorité des enfants avaient moins de 10% de surface corporelle brûlée. Ce qui ressort de l’étude est qu’il y a nettement deux groupes d’enfants: celui des lésions où la brûlure est accidentelle (groupe A) et celui ou la brûlure est infligée volontairement par un autre enfant (groupe B = 27% !!!).

Les groupe B est essentiellement constitué de garçons (90,9%; p>0.0001) avec un âge moyen de 12 ans (p>0.0001).La brûlure est due à une flamme ou un feu en extérieur (p>0.0001), avec une surface corporelle brûlée plus importante ( moyenne 12.1% vs 3.8 % pour groupe A) et une profondeur plus importante (38.5% de brûlures de toutes les couches grade III vs 20.6% dans le groupe A). Il y avait plus d’enfants avec des parents séparés dans le groupe B que dans le groupe A (53,9 % vs 5.9%) et ils venaient plus souvent de classes défavorisées dans le groupe B (69,2% vs 8.8%). Tous les cas nécessitant des soins intensifs venaient de cette catégorie et nécessitaient plus de chirurgie que ceux du groupe A (61.5% vs 26.4%). En conséquence, le séjour hospitalier est plus long dans le groupe B que dans le groupe A, ainsi que la nécessité d’un suivi ambulatoire (53.8% vs 14.7%). Enfin la compliance aux consultations est nettement moins bonne dans le groupe B puisque 38.5% oublient leur rendez-vous contre 23.5 % dans le groupe A (p=0.0007).

Les auteurs pensent avoir identifié un groupe limité mais bien ciblé d’enfants victimes de brûlures hors de chez eux, plus graves que les brûlures domestiques, résultant d’agression par d’autre garçons d’environ 12 ans provenant de milieux moins favorisés et de structures familiales désunies.

Référence complète:
Pediatric burns caused by other children. Soueid A, King H, Wilson YT.J Plast Reconstr Aesthet Surg 2008; 61(5): 540-5. Origine: Birmingham Children’s Hospital, Steelhouse Lane, Birmingham, UK.

Risque élevé de brûlures chez les moins de 1 an

Il existe beaucoup  de données épidémiologiques sur les brûlures des enfants, mais la classe d’âge des moins de 1 an a été  peu étudiée, dans un groupe ou la mobilité commence à se développer.
Les auteurs ont donc analysé rétrospectivement tous les cas de brûlures d’enfant jusqu’à 1 an entre janvier 2003 et janvier 2006, soit 104 cas (12% de toutes leurs admissions). 2/3 d’entre eux ont été hospitalisés. La majorité des brûlures surviennent à domicile. Les échaudements sont la première cause de brûlure (65%), suivi des brûlures par contact (30%). La tasse de liquide chaud (donc tenue par un adulte) est la cause la plus fréquente d’échaudement, tandis que le contact avec un radiateur ou un tuyau d’eau chaude constitue la cause de brûlure par contact la plus souvent mentionnée. La surface corporelle brûlée en moyenne est de 2.3% (limites 0.5 à 38%).
Les auteurs concluent que les enfants de moins de 1 an devraient faire l’objet d’une prévention particulière, car ils constituent une population fortement exposée à ce type de traumatisme.
Les messages de prévention devraient mentionner le danger que représente la manipulation de liquides chauds avec un enfant dans les bras, le problème des systèmes de chauffages que l’enfant peut toucher, de même que les tuyaux d’eau chaude accessibles dans la salle de bain.
Outre l’aspect épidémiologique, il faut  rappeler qu’à surface égale, la sévérité d’une brûlure est d’autant plus grave que l’enfant est petit. Une brûlure de 10% chez un grand enfant est beaucoup moins grave qu’une brûlure de 10% chez un petit enfant.

Référence complète
Infants under 1 year of age have a significant risk of burn injury.
Nguyen DQ, Tobin S, Dickson WA, Potokar TS. Burns 2008; ePub. Origine: The Welsh Centre for Burns and Plastic Surgery, Morriston, Swansea, United Kingdom.

Les brûlures (échaudements) d’enfants par soupe chaude

Etude sur l’étiologie et la prévention des brûlures d’enfant.
La première cause constatée en Californie est l’échaudement par soupe chaude, en particulier les soupes instantanées. Un questionnaire est adressé entre 2006 et 2007 aux personnes en charge d’enfants, comprenant de nombreux items.
L’âge moyen est de 4,8 ans, avec une légère majorité de filles (51%), affectant toutes les ethnies, mais les hispaniques constituaient le collectif principal (44%). Le foyer comprenait en moyenne 3 enfants et 59% avaient un revenu considéré comme faible. Pourtant 73 % des parents avaient achevé une scolarité secondaire.
Etaient en cause dans le mécanisme des brûlures, les soupes instantanées préemballées et l’usage du micro-ondes. En général, la brûlure survient lorsque la personne en charge de l’enfant mange sa soupe avec l’enfant.
Les stratégies de prévention proposées sont une information (ne pas manger sa soupe avec un enfant sur les genoux) et une modification des emballages de ces types de soupe.

Référence complète:
Pediatric soup scald burn injury: etiology and prevention.
Palmieri TL, Alderson TS, Ison D, et al. J Burn Care Res 2008; 29(1): 114-8.
Origine: Shriners Hospital for Children Northern California and The University of California Davis, Sacramento, California.